Audiovisual narcoculture, gender, and gore capitalism in Mexico : a study of videohome narcocinema and its female representations
Narcocultura audiovisual, género y capitalismo gore en México : un estudio del narcocine videohome y de sus representaciones femeninas
Narco-culture audiovisuelle, genre et capitalisme gore au Mexique : une étude du narco-cinéma videohome et de ses représentations féminines
Résumé
This thesis examines the narrative and formal representations of female characters in Mexican and Mexican American videohome narcocinema, a low-budget cinema that depicts the violent activities of drug cartels in Mexico. Drawing from an analysis of a corpus of 175 films produced between 2007 and 2024, the research explores the intricate relationships between female characters, violence, conspicuous consumption, and heteronormative sexuality. Through an interdisciplinary approach, the female representations are critically analyzed within the broader context of heteropatriarchal narcoculture and neoliberalism in which these films are framed.The study is structured into three main sections. The first section addresses the socio-historical context of drug trafficking and narco-violence in Mexico. Drug trafficking has deeply entrenched roots in certain regions of Mexico, and President Felipe Calderón's attempts to diminish its influence by initiating a war on drugs in 2006 has only resulted in intensified violence across the country. This escalation has produced both an increase and diversification of female involvement in drug-related criminal activities as well as a rise in violence against women and “feminicide”. The second section of the study provides an in-depth characterization of narcoculture, examining its underlying value system and main cultural productions, alongside a detailed exploration of videohome narcocinema. I argue that this relatively overlooked film industry plays a crucial role in shaping a collective memory of drug trafficking through popular culture, operating within the framework of gore capitalism. In the third section, which focusses on women and their representations in narcocinema, we discuss the limited participation of women in creative roles within the narcocinema industry, a factor that significantly influences how gender is represented on screen. The study identifies two broad categories of female characters: first, those who are subordinated to hegemonic narco-masculinity, which reinforce traditional stereotypes and social choreographies of gender within narcoculture, and second, those whose partial empowerment―the limits of which we explain through a historical analysis―offers alternative models of femininity.The analysis highlights that the main female characters subordinated to male traffickers include victims of male narco-violence, who suffer the consequences of gendered necropolitics, as well as trophy women, who are sexually objectified and used by drug traffickers as symbols of status. The empowered characters, on the other hand, predominantly consist of female cartel bosses, hired assassins or sicarias, avengers, and buchonas. The former resort to violence as a means of necro-empowerment, socioeconomic mobility, or revenge, while the buchonas leverage their erotic capital to gain access to material wealth. Nevertheless, the study observes that while these active female figures destabilize traditional gender roles, their empowerment remains confined within the constraints of the heteropatriarchal and neoliberal system.The thesis posits that videohome narcocinema, by depicting the sex-gender power apparatus inherent in narcoculture and highlighting its ruptures, serves as a reflection of the tensions and potential shifts in the relationships between gender, power, and violence in contemporary Mexico.
La présente thèse étudie les représentations narratives et formelles des personnages féminins dans le narco-cinéma videohome mexicain et mexicano-états-unien, un cinéma à petit budget qui dépeint les activités violentes des cartels de drogue au Mexique. Basée sur l'analyse d'un corpus de 175 films produits entre 2007 et 2024, l'étude s'intéresse aux interactions complexes entre personnages féminins, violence, consommation ostentatoire et sexualité hétéronormative. Son approche interdisciplinaire permet d'envisager les représentations féminines dans le contexte plus large de la narco-culture hétéropatriarcale et du néolibéralisme dans lequel ces films s'inscrivent.La thèse comporte trois parties. La première présente le contexte sociohistorique du narcotrafic et de la narco-violence au Mexique. Elle montre leur profond enracinement dans certaines régions du Mexique et le rôle qu'a joué la guerre contre le narcotrafic, lancée en 2006 par Felipe Calderón, dans l'exacerbation de la violence dans le pays. Cette guerre a entraîné une intensification et une diversification de la participation des femmes aux activités criminelles liées à la drogue, qui ont coïncidé avec une augmentation du nombre de féminicides. La deuxième partie caractérise la narco-culture, son système de valeurs et ses principales productions culturelles, ainsi que le narco-cinéma videohome. Elle met en lumière la contribution de cette industrie cinématographique encore peu étudiée à la construction, au sein de la culture populaire, d'une mémoire collective du narcotrafic, laquelle obéit à la logique du capitalisme gore. La troisième partie examine les femmes et leurs représentations dans le narco-cinéma. Elle fait état du nombre encore limité de rôles créatifs occupés par des femmes dans cette industrie et souligne l'effet considérable que cela engendre sur les représentations de genre à l'écran. Il y est question de deux grandes catégories de personnages féminins. D'une part, les personnages subordonnés à la narco-masculinité hégémonique renforcent les stéréotypes traditionnels et les chorégraphies sociales du genre propres à la narco-culture. D'autre part, les personnages empouvoirés offrent une alternative, bien qu'imparfaite, aux modèles féminins conventionnels.L'analyse révèle les principaux personnages féminins de chacune de ces deux catégories. Parmi les personnages subordonnés aux trafiquants masculins, on trouve les victimes de la narco-violence masculine, qui subissent les conséquences des nécropolitiques de genre, et les femmes-trophées, qui sont sexuellement objectivées et utilisées par les narcotrafiquants comme symboles de leur statut social. Chez les personnages empouvoirés, on voit surtout des dirigeantes de cartel, des tueuses à gages (ou « sicarias »), des vengeresses et des « buchonas ». Les trois premières recourent à la violence comme outil de nécro-empouvoirement, de mobilité socioéconomique ou de vengeance, tandis que les buchonas exploitent leur capital érotique pour accéder à l'abondance matérielle. Ces figures féminines actives déstabilisent effectivement les rôles de genre traditionnels. On constate cependant qu'elles exercent leur empouvoirement dans le cadre imposé par le système hétéropatriarcal et néolibéral.En définitive, cette thèse soutient que le narco-cinéma videohome, par sa représentation du dispositif de pouvoir sexo-genré de la narco-culture et de ses fractures, reflète les tensions entre genre, pouvoir et violence dans le Mexique contemporain, mais aussi les possibles transformations de cette dynamique complexe.
Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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