Le Notre Père est-il un bon échantillon linguistique ? (d'après le Mithridates de Conrad Gessner) - Bibliothèque Europe-Amérique latine (REDIAL-CEISAL)
Article Dans Une Revue Histoire Epistémologie Langage Année : 2024

Le Notre Père est-il un bon échantillon linguistique ? (d'après le Mithridates de Conrad Gessner)

Résumé

In his Mithridate (1555), Conrad Gessner (1516-1565) offers one of the first linguistic compilations. Keen to highlight “the differences between languages, both the ancient ones and those in use ‘at his time’ in the various nations all over the circle of the earth” (according to the work’s full title), he offers one of the first collections of Lord’s prayer (Oratio dominica, 27 versions), thus initiating a long list of compilations that extended at least as far as Adelung’s. The purpose of this article is to situate these versions among the other language samples provided by Gessner, and to assess their linguistic relevance. Starting with the Greek and Latin originals, we analyze the Lord’s Prayer from the point of view of its most elementary grammatical content: presence of parts of speech and linguistic categories; illustration of syntactic and morphosyntactic facts; semantics. The transcription difficulties faced by Gessner are then mentioned, along with some problematic cases, such as the Lord's Prayer in Arabic, Hebrew, Hungarian and Icelandic. Finally, we look at the ways in which scholars might have adapted the transcription to help the reader understand the content from a linguistic point of view, for example by means of an interlinear transcription. Gessner may have used this technique sporadically, but it was not until his successors that it was implemented systematically.
Dans son Mithridate (1555), Conrad Gessner (1516-1565) propose une des premières compilations linguistiques. Soucieux de mettre en valeur « les différences entre les langues, tant les langues anciennes que celles qui sont en usage “à son époque” dans les diverses nations sur tout le cercle des terres » (selon le titre complet de l’ouvrage), il offre une des premières collections de Notre Père (27 versions), initiant ainsi une longue liste de compilations qui s’étend au moins jusqu’à celle d’Adelung. L’objet de cet article est de situer ces versions parmi les autres échantillons de langues fournis par Gessner et d’en évaluer la pertinence linguistique. En partant de ses originaux grec et latin, on analyse le Notre Père du point de vue de son contenu grammatical le plus élémentaire : présence des parties du discours et des catégories linguistiques ; illustration des faits syntaxiques et morphosyntaxiques ; sémantique. On mentionne ensuite les difficultés de transcription auxquelles a dû faire face Gessner, en évoquant quelques cas problématiques, tels que celui du Notre Père en arabe, en hébreu, en hongrois et en islandais. Enfin, on s’interroge sur la façon dont les érudits ont pu aménager la transcription pour mieux aider le lecteur à appréhender le contenu du point de vue linguistique, par exemple par une transcription interlinéaire. Si celle-ci est quelquefois utilisée sporadiquement par Gessner, ce n’est que chez ses successeurs qu’elle connaîtra une mise en œuvre systématique.
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Bernard Colombat. Le Notre Père est-il un bon échantillon linguistique ? (d'après le Mithridates de Conrad Gessner). Histoire Epistémologie Langage, 2024, 46 (1), pp.71-87. ⟨10.4000/11y0r⟩. ⟨hal-04796272⟩
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