Parler des discriminations : conditions facilitantes et freins - CAMPUS CONDORCET
Article Dans Une Revue Revue Européenne des Migrations Internationales Année : 2026

Parler des discriminations : conditions facilitantes et freins

Résumé

Although the number of studies on discrimination experiences and, more recently, on individuals' reactions to these experiences has increased over the last two decades, few studies have focused on what makes individuals talk or not about their experience(s), particularly in a context of minimising ethno-racial discrimination. The question raised in this article is thus: what are the relevant elements, i.e. the "ingredients", linked to the life course, the characteristics of the experience, the contexts and the situations, that can help to say or not to say the experience of discrimination? The article is based on qualitative interviews conducted with young adults belonging to so-called "visible" minorities, mainly students. The article highlights the importance of proof, the seriousness of the act, the legitimating body and the mastery of vocabulary as conditions for the enunciation of the discriminatory experience, as well as the role played by homophily in the choice of people to whom it is possible to talk about it, without risking the accusation of paranoia. It is also because discrimination necessarily implies an act, that the word "racism" is more easily mobilized to speak about the experiences of stigmatization lived in everyday life. Finally, being born in France exposes one more to the feeling of discrimination and, at different times in one's life, one's parents' attitude towards France can also contribute to concealing these feelings.
Aunque en las dos últimas décadas han proliferado los trabajos sobre experiencias de discriminación y, más recientemente, sobre las reacciones de las personas ante estas experiencias, son menos los estudios que han analizado qué hace que las personas hablen o no de sus experiencias, especialmente en un contexto en el que la discriminación etnorracial es políticamente invisible. Este artículo examina los elementos relevantes, es decir, los "ingredientes", relacionados con los antecedentes, las características de la experiencia, los contextos y las situaciones, que pueden hacer que la experiencia discriminatoria sea descriptible o indecible. Basándose en un estudio de entrevistas con jóvenes adultos pertenecientes a minorías denominadas "visibles", la mayoría de ellos estudiantes, este artículo destaca la importancia de las pruebas, la gravedad del acto, la autoridad legitimadora y el dominio del vocabulario como condiciones para hablar de la experiencia discriminatoria, así como el papel que desempeña la homofilia en la elección de las personas con las que es posible hablar de ella, sin arriesgarse a la acusación de paranoia. También porque la discriminación implica necesariamente un acto, la palabra "racismo" se utiliza más fácilmente para hablar de experiencias de estigmatización en la vida cotidiana. Por último, haber nacido en Francia aumenta las probabilidades de sentirse discriminado en distintos momentos de la vida, y la actitud de los padres hacia Francia también puede contribuir a ocultar estos sentimientos.
Si les travaux sur les expériences de discriminations et, plus récemment, sur les réactions des individus face à ces expériences se sont multipliés durant les deux dernières décennies, plus rares sont ceux qui se sont intéressés à ce qui fait que les individus vont parler ou non de leurs expériences, d’autant plus dans un contexte d’invisibilisation politique des discriminations ethno-raciales. Cet article examine les éléments pertinents, c’est-à-dire les « ingrédients », liés au parcours, aux caractéristiques de l’expérience, aux contextes et aux situations, pouvant rendre dicible ou indicible l’expérience discriminatoire. S’appuyant sur une enquête par entretiens menés auprès de jeunes adultes appartenant à des minorités dites « visibles », étudiant·es pour la plupart, cet article met en évidence l’importance de la preuve, de la gravité de l’acte, de l’instance de légitimation et de la maîtrise du vocabulaire comme conditions à l’énonciation de l’expérience discriminante, ainsi que le rôle joué par l’homophilie dans le choix des personnes auxquelles il est possible d’en parler, sans risquer l’accusation de paranoïa. C’est aussi parce que la discrimination implique nécessairement un acte, que le mot « racisme » est plus facilement mobilisé pour parler des expériences de stigmatisation vécues au quotidien. Enfin, être né en France expose davantage aux ressentis des discriminations, à différents moments du parcours, la posture des parents vis-à-vis de la France peut également participer à taire ces ressentis.
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Dates et versions

halshs-03899995 , version 1 (26-11-2024)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-03899995 , version 1

Citer

Alessandro Bergamaschi, Ingrid Tucci, Francesca Sirna, Nathalie Pantaléon. Parler des discriminations : conditions facilitantes et freins. Revue Européenne des Migrations Internationales, 2026. ⟨halshs-03899995⟩
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