Governing by standards : teacher evaluation and the processes of managerial state-formation in Mexico and Chile (1990s-2000s)
Gouverner par les standards : l'évaluation des enseignants et les processus d'étatisation managériale au Mexique et au Chili (années 1990-2020)
Résumé
Mexico and Chile are among the few states that have introduced standards to evaluate the performance of teachers in a national and centralized manner. Presented as a “professionalizing” mode of evaluation, these instruments have significant consequences for teacher salaries and employment conditions, while redefining the relationship between the profession and the State. Based on comparative-historical materials that include 142 interviews with bureaucratic, professional, and expert actors, written sources, statistics, and observations, this thesis explains why these two contrasted countries adopted the same instrument and analyzes its effects on bureaucracies and the teaching profession. In Mexico, standards structured a coalition against union corporatism, which promoted the differentiation between the educational administration and the profession. In Chile, the coalition was organized around the reincorporation of teachers into the State, as opposed to the market. Despite these divergent objectives, their effects on both bureaucracies and the profession are similar. On the one hand, standards lead to the centralization of evaluation procedures and strengthen the capacities of private technical organizations. On the other hand, their categorizations of teaching activate dilemmas of collective action that result in the disidentification and demobilization of the profession. By exploring the political coalitions, bureaucratic capacities, and professional effects of standards, this thesis demonstrates that these neo-managerial instruments generate new state forms, a process interpreted as managerial State-formation.
Le Mexique et le Chili sont parmi les rares États à avoir introduit des standards pour évaluer la performance des enseignants de manière nationale et centralisée. Présentés comme un mode d’évaluation « professionnalisant », ces instruments comportent d’importantes conséquences sur les salaires et les emplois et redéfinissent les rapports de la profession à l’État. À partir d’une enquête comparative et historique comprenant 142 entretiens avec des acteurs bureaucratiques, professionnels et experts, des sources écrites, des statistiques et des observations, cette thèse explique pourquoi ces deux pays contrastés ont adopté ce même dispositif et étudie ses effets sur les bureaucraties et la profession enseignante. Les standards s’imposent au Mexique en structurant une coalition contre le corporatisme syndical et pour la différenciation de l’administration éducative et de la profession. Au Chili, la coalition s’organise autour de la réincorporation des enseignants à l'État, contre le marché. Malgré ces objectifs divergents, leurs effets sur les bureaucraties et la profession sont similaires. D'une part, les standards centralisent les procédures d’évaluation et renforcent les capacités d’organisations techniques privées. D’autre part, leurs catégorisations de l’enseignement activent des dilemmes d’action collective et produisent la désidentification et la démobilisation de la profession. En explorant les coalitions politiques, les capacités bureaucratiques et les effets professionnels des standards, cette thèse montre que ces instruments néomanagériaux produisent de nouvelles formes étatiques, un processus que nous interprétons comme une étatisation managériale.
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